Smart Grid, Cloud Computing, Big Data, Crowd intelligence …

L’énergie est sans doute le vrai enjeu de notre siècle. En tant qu’acteurs du “numérique” nous sommes d’abord passionnés par le potentiel de transformation des technologies de l’information sur la société. Mais si on n’y prend pas garde, tous les ingrédients d’une crise de l’énergie sans précédent se préparent :

  • d’un coté les ressources d’énergie, principalement traditionnelles, s’épuisent
  • de l’autre la population mondiale continue de croitre et l’amélioration de son niveau de vie moyen nécessite un consommation d’énergie par habitant en hausse (Environ 5 Tonnes Équivalent Pétrole par an dans l’OCDE pour moins de 2 TEP en Chine et environ 0,5 TEP en Inde en 2010)
  • de forts risques liés à l’impact inconnu d’une intervention humaine d’une telle échelle sur l’équilibre de la planète
  • de la fin prévisible des ressources fossiles qui représentent environ 90% des sources de production d’énergie

Ceci devrait-il nous faire peur ? A vrai dire oui, mais comme il s’agit d’une évolution lente, la prise de conscience est difficile. Depuis la crise amorcée en 2008, les pays de l’OCDE ont inversé leur tendance inflationniste de consommation d’énergie et les pays émergents ont pris le relais (ils constituent maintenant plus de 50% de la demande).

Sur cette base l’ADEME a publié une étude très optimiste sur l’évolution de la consommation en France : elle prévoir une diminution de 50% d’ici 2050 ! Les énergies renouvelables représenteraient à cette échéance plus de 50% des ressources.

Sans faire de commentaire sur ce scénario, quel peut être le rôle des technologies numériques dans cette évolution ? Tout d’abord faisons quelques constats :

  • A l’heure actuelle les technologies de l’information sont trop peu utilisées pour la maitrise de l’énergie
  • Nous ne pouvons pas envisager une sortie de crise par une seule logique de réduction de notre consommation, alors que le développement économique demande de l’énergie et que de toute manière le transfert d’activités industrielles gourmandes en énergie vers des pays émergents se fait dans de mauvaises conditions écologiques
  • Il faut englober dans la perspective énergétique, l’optimisation des principaux secteurs consommateurs d’énergie

Jusqu’à présent l’optimisation des ressources est dans le giron des mêmes opérateurs qui en assurent la distribution. Ceci constitue un réel et évident conflit d’intérêt et ce n’est donc pas tellement étonnant que rien de très opérationnel n’ait vu le jour !

Les principaux projets proposés sont de type “smart grid” concept imposé par l’arrivée de nouvelles sources d’énergie non programmables et non stockable comme le vent et le soleil, ou “compteur connecté”. Chacun implique des infrastructures complexes et il n’est pas évident de dégager une cohérence globale vers l’objectif unique d’optimisation de la ressource.

Cependant, le sujet étant très à la mode, de nombreux particuliers et entreprises sont prêts à s’équiper et contribuer dans un effort collaboratif. Voila comment des outils comme le crowd sourcing et le big data peuvent rentrer en jeu :

  • ouvrir le marché aux acteurs innovants prêts à fournir des dispositifs de comptage (uniquement informatifs)
  • prévoir les outils sécurisés de remontée des information, fonctionnant sur la base du volontariat et pouvant intégrer des données relevées “par des humains” ou par des “objets intelligents” sur tous les compteurs d’un lieu (eau, gaz, électricité, …)
  • mettre en place les outils d’analyse fine de ces données
  • sur la base des premiers résultats, construire les stratégies d’actions pour lisser la consommation et effacer les pics
  • mettre en place les outils d’action (contractualisation, dispositifs de contrôle, cogénération, …)

Bien entendu, il y a aussi des secteurs grands consommateurs d’énergie qui peuvent être directement optimisés. Exemple : le transport ! Le transport routier représente encore une part prépondérante aussi bien pour les transport des personnes que pour celui des marchandises. La vision habituelle de la classe politique est de préconiser leur réduction. C’est une sorte de démagogie propre à une catégorie de population urbaine. En complément de cette démagogie (qui consiste en fait à attendre) il faudrait surtout continuer à faire évoluer les infrastructures à l’évolution des besoins et utiliser les possibilités ouvertes par les technologies numériques pour optimiser le trafic.

Quelle est la part de la consommation de carburant qui est perdue inutilement dans les embouteillages des grandes villes ? Avec une vitesse moyenne inférieure à 20 Km/h, probablement de l’ordre de 50%. L’ordinateur et une infrastructure adaptée peuvent résoudre en partie ce problème. Et par la même occasion faire gagner des millions d’heures pour le travail ou les loisirs sans parler de l’assainissement de l’air.

Tous ceci n’est en rien contradictoire avec les projets engagés. Il s’agit juste de dire qu’on peu aller plus vite en mettant en oeuvre les outils statistiques connus et éprouvés dès lors que de grandes quantités de données sont disponibles pour optimiser les processus.

Le contrôle “intelligent” de la consommation électrique peut permettre par exemple d’intégrer le transfert d’une partie du parc automobile du carburant vers l’électricité sans augmentation notable des sources de production. Un développement “désordonné” pourrait au contraire  créer une forte demande supplémentaire au moment des pics de production.

L’optimisation du trafic automobile est une première étape dans la mise en place d’infrastructures et algorithmes qui pourraient ensuite être embarqués dans les véhicules pour compléter le dispositif.

Bien entendu, les capacités de traitement correspondantes devront se trouver dans des centres de données sécurisés de type “cloud”.

Les perspectives de réussites seront meilleures dans le cas d’une coopération internationale.

Comments are closed.